Le sauvetage est un programme de protection internationale pour des personnes menacées de mort en raison de leur genre ou de leur combat féministe. Ce programme vise à offrir une protection en Suisse ou en Europe pour des personnes qui n’ont plus aucune autre solution pour échapper à la mort que de devoir quitter leur pays.  

Depuis 2001, Surgir a accompagné plus de 40 personnes à se reconstruire après des violences extrêmes, en cherchant des solutions pérennes de protection dans leur pays ou dans un pays tiers. Surgir propose un accompagnement holistique des personnes menacées de mort en raison de leur genre, découvrez ici comment se passe un sauvetage.

Nous avons interviewé Hélène pour revenir sur ce projet et en découvrir davantage sur ses actualités.

Première partie : analyse d’une menace de protection et récolte des preuves

1. L’alerte donnée par les partenaires de terrain

Surgir est reconnue au niveau international pour la possibilité qu’offre le programme sauvetage dans des situations extrêmes. Ainsi, nous sommes directement contactées par des défenseur·e·s des droits humains sur des situations telles que des refus de mariages forcés, des tentatives de féminicides, des attaques et menaces de mort contre des militantes féministes, des tentatives de meurtres sur des personnes homosexuelles.

2. Une analyse du dossier et une récolte des preuves par Surgir

Il s’agit de reconstruire la temporalité des faits et les acteurs impliqués afin de comprendre précisément la menace et les enjeux en termes de protection. Si une solution locale est envisageable, Surgir soutiendra cette solution. En revanche, si toutes les solutions locales ont été épuisées sans succès, nous envisageons alors de mettre la personne à l’abri grâce à un visa humanitaire. 

3. Visa humanitaire

Le visa humanitaire est un instrument de protection qui s’adresse aux situations dans lesquelles la vie ou l’intégrité physique de la personne sont directement, sérieusement et concrètement menacées dans son pays d'origine. Par ailleurs, il est nécessaire de prouver qu’elle n’a pas d’autres solutions que celle de quitter son pays. Le visa humanitaire reste une exception et est utilisé pour des situations où il faut agir rapidement.

Pour démontrer l’imminence d’un sérieux danger pour la vie ou l’intégrité, nous reprenons l’ensemble de l’histoire de la personne et cherchons des preuves pour démontrer la menace (enregistrements téléphoniques, messages, rapports médicaux, photos, témoignages, plaintes, etc.). Cette partie du travail est très délicate dans la mesure où les personnes ont souvent fui à de multiples reprises, ont changé de téléphone pour leur sécurité, il est parfois très difficile de récolter des preuves pourtant essentielles pour déposer un dossier auprès des autorités suisses.

4. Exfiltration vers la Suisse

Lorsque le Secrétariat d’Etat aux Migrations accepte notre demande de visa humanitaire, la personne doit alors se rendre dans la représentation suisse la plus proche et pourra dans la plupart des cas s’envoler pour la Suisse dans un délais de 24 à 48h. C’est la force de cet instrument de protection : il est possible dans certains cas de déployer très rapidement une mise en sécurité.

Deuxième partie : l’accompagnement holistique sur 3 ans en Suisse

L’obtention d’un visa humanitaire est régie par une autre condition, celle de démontrer des perspectives d’intégration.

C’est Surgir qui s’engage, au moment de la demande, à tout mettre en œuvre pour permettre l’intégration de la personne. Ainsi, quel que soit son lien avec la Suisse, sa connaissance ou non de la langue, sa profession ou son niveau d’éducation, nous nous engageons à lui offrir les meilleures conditions possibles pour s’intégrer.

« C’est un succès quand la personne n’a plus besoin de Surgir »

Hélène Delomez, Directrice

Dans notre protocole d’accueil, Surgir s’engage également à favoriser la réhabilitation physique, sociale, psychologique et économique de la personne. Les enjeux sont immenses : trouver un logement, apprendre une nouvelle langue, comprendre le fonctionnement administratif et quotidien d’une société, se former pour accéder à l’emploi. Il faudra aussi du temps pour guérir des traumatismes liés à des années de violences et de menaces.

C’est un long chemin qui attend les bénéficiaires de ce programme. Il sera tantôt joyeux et enrichissant grâce aux nouvelles rencontres et aux accomplissements qu’offre l’expérience migratoire, tantôt difficile et empreint de tristesse face à tout ce que ces personnes ont dû quitter : leur famille et leurs amis, leur culture, leur quotidien.

Pour Surgir, il s’agit de les accompagner du mieux possible : les orienter vers un réseau de professionnels, les écouter, parfois les conseiller, et leur donner toutes les chances de reconstruire une nouvelle vie en sécurité.

Et pour nous aussi, ce sont de belles rencontres, mais aussi des histoires de vie difficiles. Ce sont des parcours et des personnes qui nous rappellent chaque jour pourquoi nous nous engageons dans la lutte contre les violences de genre.